Il était dit, ce jour là, que nous aurions une belle journée ensoleillée et remplie de fou-rire. Nous étions en train de faire le tour du Lac des Settons, quand Yann se mit à marcher bizarrement. Je ne dirai pas en crabe mais ...presque !? Notre fier motard avançait vraiment bizarrement !
Que lui arrivait-il ? Une crampe ? S'était-il fait mal à la hanche ? Un caillou serait-il entré dans sa botte ? Etait-il à ce point épuisé au point de ne plus pouvoir marcher ? Muriel, sa petite chérie, nous lançait des regards de plus en plus inquiets et tremblait comme une feuille au vent, se demandant ce qu'il avait.
Nous décidâmes de nous arrêter afin de faire le point sur ce problème particulier. La situation devenait urgente. Yann n'arrivait vraiment plus à marcher sans claudiquer !
Nous demandâmes à notre vétéran, Didier, de bien vouloir l'ausculter. Assis précautionneusement sur les marches d'une épicerie, Yann se laissa examiner, sans trop rechigner, malgré quelques grimaces douloureuses.
C'était bien le pied de Yann qui posait un problème sérieux. Muriel, pas à court d'idées, proposa de tenir le rôle de l'infirmière des urgences, afin de maintenir en place, l'objet de nos moqueries.
Sans doute fragilisée par la pluie battante qui nous avait accompagnée tout le long du trajet, sa botte en cuir avait décidé de le lâcher ! Voila l'explication de sa claudication. Sans doute encore assoiffée, sa semelle ouvrait, devant nous, une gueule béante, comme si elle n'arrivait plus à respirer ou cherchait désespérément quelques gouttes de pluie salvatrices pour l'abreuver !
Il nous fallait pourtant trouver une solution, rapidement, les magasins étant fermés, ce dimanche. Quelqu'un lança l'idée de lui recoller la semelle avec de la colle super glue. Il suffisait d'aller acheter un pot à l'épicerie. Julien semblait perplexe !
Bien que la situation soit vraiment préoccupante, nous avions le plus grand mal à retenir nos foux rires, devant le regard inquiet de Yann. Hum, il est vrai qu'en voyant le résultat, le soulier de Yann n'avait pas vraiment l'air terrible ! S'il comptait aller danser ce soir avec ce soulier de bal, il risquait d'être accueilli par d'autres éclats de rire.
Doc Didier se pencha à nouveau, sur son pied, observant du coin de l'oeil son patient. Avait-il de la fièvre ? Il est vrai que le front de Yann semblait sous un soleil pesant, bien moite. Allions-nous devoir le porter pour le ramener au campement ou la colle super-glue faisant son effet, notre grand blessé arriverait-il à marcher jusqu'à son destrier, sans vaciller ?
Notre petit groupe l'observait en silence...Ce n'était vraiment pas le pied ! Quinze minutes passèrent dans un profond recueillement, priant chacun en silence, pour que la colle sèche rapidement et adhère fortement à sa semelle. Pendant ce temps, notre blessé se tenait sous un parasol, afin de se protéger des rayons du soleil. Il ne manquerait plus qu'il fasse une insolation !
Muriel, l'oeil inquiet, observait son blessé, avec appréhension. Il commençait déjà à tripoter son fameux pansement qu'elle s'était échiné à lui mettre, en véritable professionnelle qu'elle était !
Didier lui tatonna le bout du pied pour observer les réactions de son patient. Espérons que ce pansement tienne un certain temps. Ensuite, nous aviserons !
Précautionneusement, Yann se leva, posa son petit peton encore fragilisé, délicatement au sol et fit quelques pas, comme un joyeux bambin hésitant. Youppi ! La colle tenait bon ! Et Yann se tint enfin debout devant nos mines hilares ! La Classe !
Nous repartîmes, en direction de nos motos, en nous moquant franchement, cette fois-ci, de Yann qui n'en menait pas large. Enfin, la situation était sauvée provisoirement. Yann pouvait remarcher avec quelques précautions et la journée s'achevait, joyeusement, sous nos éclats de rire....
J'en profitais pour observer un oiseau sur sa branche dans l'espoir de le photographier. Mais celui-ci fut plus rapide que moi et se sauva à tire-d'aile. Dépitée, je quittais ma place.
Quelques minutes plus tard, je vis Didier se précipiter sur le siège provisoire que je venais de quitter. Comme dit le proverbe : qui part à la chasse perd sa place !
En repartant, nous croiserons d'autres motards, venus des quatre coins de France, se reposer dans ce beau cadre champêtre.
Le paysage qui s'étendait sous nos yeux était magnifique ! J'avais déjà envie d'y revenir. Heureusement, j'avais eu la bonne idée de mémoriser cette journée incroyable !
Pas de doute, cette journée au Lac des Settons, en compagnie de Yann et de son soulier de bal demeurera, à jamais, un souvenir impérissable !
Mis à jour le 24.08.2008
Marie51
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